Un mois et demi a l'Institut Barli...

Publié le par Silène

Est-ce bien l’heure du bilan ?

 

 

Cela fait seulement un mois et demi que je suis en stage à l’Institut Barli. Il me reste donc trois mois de volontariat, ce qui est à la fois si peu et si long !

 

 

Mais si mon service en tant que volontaire ne fait que commencer, je ne peux m’empêcher cependant de dresser des bilans en permanence, dans ma tête… J’ai besoin de repenser les raisons de ma venue ici, de remettre en cause ce que je fais, de questionner autant que faire se peut le fonctionnement de cette organisation aux principes si intéressants, mais aux méthodes si peu cohérentes avec ces mêmes principes…

 

 

Le fait de prendre du recul et de me remettre en cause m’aide à évoluer, cela m’aide aussi à concentrer mes pensées sur le positif, alors que tellement de choses sont négatives autour de moi… !

 

 

Très honnêtement, je ne peux même pas me permettre de décrire certaines choses se déroulant au sein de l’ONG, parce qu’elles sont trop graves pour être prises à la légère et colportées dans un blog, ne serait-ce même que par respect pour les nombreuses personnes qui travaillent d’arrache-pied dans l’organisation… Je peux seulement évoquer mon sentiment d’impuissance face à l’ampleur de certains dysfonctionnements et le bafouement des droits humains, dont je suis quotidiennement témoin.

 

 

Une fois franchis les murs de l’Institut, ce même sentiment d’impuissance m’assaille de plus belle. A quelques mètres de l’ONG, une dizaine de petits chiots abandonnés sur un tas de détritus dépérissent dans l’indifférence quasi-générale… Ils sont si mignons et si petits, je dois me forcer à détourner le regard pour continuer mon chemin.

 

 

Je croise alors une bande de gamins en haillons, assis sur le trottoir - ce même trottoir que j’évite depuis le premier jour où j’ai remarqué que les hommes urinaient dessus en permanence, je préfère encore marcher au milieu du trafic – une petite fille tient dans ses bras un tout petit bébé à moitié nu. Les voir vivre au milieu de la poussière et de la pollution ambiante (je viens de lire qu’il y avait chaque année en Inde près de 260 000 morts prématurées dues à la pollution) et fouiller les tas de détritus qui jonchent les routes, me retourne le cœur. Toujours ce même sentiment d’impuissance…

 

 

Enfin, je ne veux pas vous donner une fausse impression ! Il y a par ailleurs énormément de positif dans l’expérience que j’ai la grande chance de vivre ici ! J’aime ma routine, quelque part : réveillée à l’aurore par les cris des jeunes filles qui partent travailler dans le champ,  boire mon  thé au soleil de bon matin, faire des batiks avec mon amie Tchandamaï, m’efforcer d’avancer  dans mon travail de recherche et d’étude du modèle de développement qu’offre l’institut, donner la classe d’anglais aux jeunes filles le soir…

 

 

Je tisse des relations très particulières avec les femmes qui m’entourent, j’apprend à dépasser mes limites, mais à les accepter aussi… Je trouve mon utilité en aidant et soutenant comme je le peux les autres membres de l’organisation. J’essaye de ne pas être trop affectée par les dysfonctionnements internes de l’organisation, car il y a trop à faire, je ne veux pas gaspiller mon énergie à pleurer sur les problèmes qui m’entourent ! Mais je craque aussi de temps en  temps, assez souvent en ce moment, et les trois prochains mois me semblent alors insurmontables !

 

 

Comme j’aimerais avoir le même courage que les femmes qui m’entourent ! La plupart sont venues travailler à l’Institut après avoir fuit un mari violent. Tchandamaï, avec qui je travaille le matin, a presque été brûlée vivante par son mari et a dû fuir Bhopal afin de lui échapper. Et pourtant, elle accompli tellement de choses, passent des heures chaque jour à expliquer aux jeunes stagiaires à l’Institut quel rôle elles doivent jouer, en tant que femmes et mères, pour que la société change… Bref, je suis entourée de femmes qui sont des modèles de courage et de dévouement à la cause féminine ! C’est si inspirant !

Publié dans Carnet de Route

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V
How amasing!C'est incroyable ce que tu as vécu et ce que tu vis...on devrait tous faire un stage dans un pays en developpement pour comprendre la réalité du monde...franchement en te lisant : "je sais que je ne sais rien"!Bon...à quand le film sérieux? nana sérieusement, je suis terra (c'est 1000 fois le giga) impressioné par ce que tu accompli...wouaw!lovince.ps: gros bisous de papi et mami...
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