Hot hot hot

Publié le par Silène

La température monte et le moral chute…

 

 

La semaine dernière avait été pleine d’énergie, de sorties entre amis et de nouvelles expériences enthousiasmantes : le début du mois de jeûne baha’i[1] ; trois jours d’ateliers sur l’égalité homme/femme à l’Institut ; une émouvante discussion avec la directrice de l’ONG m’aidant enfin à mieux comprendre sa façon de travailler et de communiquer ; la découverte d’une magnifique pièce de soie pour ma robe de mariée dans une petite échoppe de rajwala market, etc.

 

Cette semaine a commencé quant à elle de façon plutôt chaotique : forte montée de la température (dans l’après-midi l’horizon devient flou sous l’effet de la chaleur) au cours du week-end et déshydratation (avec toutes ses conséquences physiques dont je vous passe les détails)… Je tombe malade et décide d’hiberner au fond de mon lit, m’abrutissant de films Bollywood et enrageant de me sentir aussi faible ! En plus de la fatigue physique, mon moral en prend un coup lorsque je dois dire au revoir à Sophie, une jeune volontaire québécoise adorable, avec qui j’ai eu la chance de partager mes deux premiers mois à l’Institut Barli… C’est comme si elle était partie en emportant mon fluide vital, aaargh je ne sais plus où puiser mon énergie ici ! Heureusement, les jeunes stagiaires de l’Institut sont là, toujours aussi souriantes et positives… Quand je suis avec elles mes petits problèmes semblent encore plus insignifiants ! Mais on s’attache tellement à tout le monde ici – où l’on partage tout, y compris ses difficultés - que c’est dur de dire au revoir à ses compagnons de galère, deux autres des volontaires, australienne et canadienne, partent samedi et je sais que ça ne va pas être facile…

 

Quelque chose d’autre, que j’ai du mal à accepter, et dont j’ai envie de vous parler car je trouve cela culturellement intéressant, est la grande pudeur des indiens concernant leurs sentiments et ce qu’il y a de plus difficile dans leur vie…

 

Même en sachant auparavant que cela faisait partie de la culture asiatique, je n’étais pas consciente que les amies indiennes dont j’étais le plus proche ici me dissimulaient des choses essentielles de leur vie, par ce que j’imagine être de la pudeur… C’est tellement différent de notre culture française ou, sans être particulièrement expansif, on finit quand même toujours par l’exprimer ou par exploser quand quelque chose nous dérange !

Ici je suis perdue : Ma colloque est triste, je pense donc qu’elle est fatiguée et home sick (comment imaginer qu’elle est en réalité séparée de son mari et ne sais plus quoi faire de sa vie si elle ne me le dit pas..?) ; une autre amie ne vient pas travailler, je la crois malade… et n’apprend que bien plus tard ce qui se passe réellement, par la directrice de l’ONG, etc. Je ne sais plus comment réagir ici, comment aider quelqu’un lorsque l’on n’est pas sensé savoir ce qui lui arrive ? C’est parfois dur de rire et sourire comme si de rien n’était… et c’est pourtant ce qu’il faut faire pour respecter l’autre et sa culture, non ?

 

Je lève alors les yeux au ciel et  regarde fixement Sharuk Khan (du nom de la célèbre star de bollywood qui fait fantasmer toutes les filles ici) ! C’est le nom que nous avons donné au petit lézard qui vit au plafond de notre chambre… Lui non plus ne dit pas grand-chose, comme d’habitude!



[1] Comme dans toutes les grandes religions, les baha’is observent un jeûne matériel et spirituel une fois par an… du 2 au 20 mars, du lever au coucher du soleil. Le fait de ne pas consommer de nourriture et de ne pas boire n’est en fait qu’un moyen matériel pour nous aider à concentrer nos pensées sur la prière et la méditation, c’est aussi une belle opportunité selon moi de repenser un peu sa routine et de consacrer plus de temps à l’essentiel au lieu de courir du métro au boulot…

Publié dans Carnet de Route

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B
Pas glop Silénadorée...C'est en effet difficile à concevoir, mais ce n'est pas forcément difficile à accepter; je pense que la norme en Asie est l'extraordinaire importance du fait de "garder la face".S'tu gardes pas la face, bin pan t'as le signe indien toute ta vie. Donc je pense que c'est dans ce sens là que tu dois comprendre le pourquoi qu'elle t'a rien dit.M'enfin j'dis ça, toi t'es sur zone, donc tu sais forcément de quoi il retourne!Sois costaude hein?!
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